jeudi 27 mai 2010

FAIRE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE UN BIEN COMMUN EN AFRIQUE !

La liberté de presse est toujours en danger en Afrique malgré 20 années de démocratisation. Le journalisme indépendant continue d’être une profession périlleuse sur le continent, tant dans les zones de paix que dans les zones de conflit.
Dans les zones de paix, les gouvernements, les politiciens, les groupes économiques et religieux considèrent toujours les médias et les journalistes comme des imposteurs qui n’ont pas à faire des reportages sur des questions critiques. L’on ne considère pas encore les médias comme un bien commun, un préalable et un oxygène pour la démocratie.
 Certains gouvernements et groupes sociaux ne veulent pas créer un environnement propice au renforcement des médias et du journalisme indépendants. Ils ne veulent pas que certaines de leurs activités soient rapportées par des journalistes indépendants. De ce fait, les journalistes indépendants se retrouvent souvent en conflit avec ces acteurs clés dans l’exercice de leur droit à informer et à éduquer les masses. Cet état de choses a eu un impact négatif sur le journalisme d’investigation.
Dans les zones en conflit de la Somalie, du Soudan, de la RDC et autres, l’on considère souvent les journalistes comme une partie des différentes factions et ils sont donc traités en conséquence. Sur le front de guerre, les journalistes sont trop souvent soupçonnés à tort d’être des espions ou de travailler pour l’ennemi. Au cours des événements d’agitation civile, telles que les manifestations ou les grèves qui ont eu lieu à Madagascar, en Guinée, au Niger, l’on estime parfois à tort que les journalistes sympathisent avec le gouvernement, ou ce sont les agents de sécurité du gouvernement qui estiment qu’ils collaborent avec les manifestants. Harcèlement, intimidations, détentions et emprisonnements sont quotidiens dans certains pays comme la Gambie, qui ne sont pas rangés dans le lot des zones en conflit, mais rendent la vie insupportable et dangereuse pour les journalistes et les professionnels des médias. Ainsi, les journalistes sont trop souvent des cibles faciles pour de mauvaises raisons lorsqu’ils couvrent des événements.
Malgré les engagements que l’Union Africaine (UA) a proclamés sur les libertés et les droits humains par le truchement de ses principaux instruments et institutions, très peu de pays dans le continent ont intégré le secteur des médias indépendants en tant qu’institution de la société. La Déclaration des Principes de la Liberté d’ Expression en Afrique adoptée en 2002 par la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) n’a toujours pas été mise en œuvre. Les recommandations du Rapporteur Spécial de la CADHP sur la Liberté d’Expression et l’Accès à l’Information sont ignorées par la plupart des Etats membres de l’UA. Il reste aux peuples africains à davantage profiter de l’appui et de la reconnaissance des principes de l’Article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Sans aucun doute, ce rapport sur l’état de la liberté de la presse en 2009 en Afrique devra servir d’appel au “réveil” pour l’Union Africaine, ses institutions, les Etats membres et les gouvernements, quant à la nécessité d’intégrer dans leur Mécanisme de l’Evaluation par les Pairs, les principes de la liberté d’expression, de la liberté de presse et du développement des médias en tant qu’importants quantificateurs du niveau et de la qualité de la démocratie et du développement en Afrique.
La FIJ-Afrique et la Fédération Africaine des Journalistes (FAJ) ont décidé de s’engager dans cet exercice annuel afin de promouvoir l’état de la liberté d’expression dans le continent et de permettre aux citoyens africains de s’ouvrir et de participer pleinement et effectivement à la prise de décisions et aux affaires publiques. C’est là une des meilleures manières de réaliser le développement durable et intégré.
Gabriel Baglo,
Directeur Afrique de la FIJ
Directeur Exécutif de la FAJ

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire