DECLARATION DU PRC-UJAO
THEME : « La liberté d’information : le droit de savoir »
Avant de revenir sur le thème 2010, je voudrai brièvement faire un état de lieux succinct de la liberté de la presse dans notre sous-région ouest africaine. En dépit d’une relative éclaircie au cours du dernier trimestre 2009, des cas flagrants de graves violations de droit de journalistes ont été constatés ça et la. A commencer par le Nigéria ou les journalistes sont assassinés où meurent dans des circonstances obscures, et ce dans l’impunité la plus totale. Plusieurs confrères ont été tués (dont 3, il ya à peine une semaine) abattus parfois à domicile devant femmes et enfants. Une chaine de télévision privée a été visée par un attentat au colis piégé qui a fait un blessé grave parmi son personnel.
Au Niger voisin, en dépit du changement politique salutaire opéré récemment, l’on ne peut passer sous silence la mise sous coupe de la presse indépendante par le Conseil Supérieur de la Communication, l’arrestation et la détention pendant 4 mois du Directeur de Publication du Canard Déchaîné, la fermeture de cet organe par les services du fisc Nigérien pour non paiement d’impôts.
En Guinée, l’année 2009 a été très difficile pour les reporters, dont certains ont été passés à tabac, leurs matériels saccagés et leur vie mise en danger lors des graves évènements du 28 septembre 2009. Certains ont du s’exiler durant de longs mois pour préserver leur intégrité physique.
Même son de cloche en Gambie, où plusieurs journalistes ont été arrêtés, jugés et jetés en prison, puis graciés. D’autres n’ont du leur salut qu’à la fuite. Les affaires Deyda Haïdara, assassiné en 2004 et Chief Ebrima Manneh, disparu depuis 2006 restent non encore élucidées en dépit des injonctions de la communauté internationale et de la Cour de Justice de la CEDEAO.
Dans plusieurs autres pays (Mauritanie, Guinée-Bissau, Togo) les journalistes sont humiliés, menacés, souvent brutalisés pour avoir tenté de faire leur travail. C’est pourquoi, l’UJAO en appelle aux gouvernements ouest africains et à la Commission de la CEDEAO pour créer un cadre idoine et des instruments légaux appropriés en faveur du libre accès à l'information.
Il faut néanmoins reconnaître et saluer les progrès remarquables accomplis par des pays tels que le Ghana, le Sénégal, le Cap Vert et le Mali en matière de liberté de la presse et d’expression.
Le PRC-UJAO et la Commission de la CEDEAO (Département Communications) ont récemment convenu de donner mandat à l’UJAO de prendre le leadership pour rédiger un cadre régional harmonisé de législation sur la liberté d’information et une législation sur le Droit de savoir en Afrique de l’Ouest par les Chefs d'État de la CEDEAO au plus tard en fin premier semestre 2010. C’est ainsi que le PRC-UJAO, la CEDEAO et Article 19 se proposent d’organiser au moins 3 téléconférences pour travailler sur un projet de loi de Article 19 afin de le soumettre et le proposer dans un cadre juridique sous-régional. Après la rédaction de ce cadre juridique pour l'harmonisation d'une liberté régionale d’Accès à l’information , le PRC UJAO envisage d’organiser une conférence régionale de trois jours regroupant 30 participants des seize Etats membres de l’UJAO, d'article 19, du Bureau Afrique de la Fédération Internationale des Journalistes, des groupes de soutien aux médias et des experts ouest africains en droits des media. La Conférence Régionale est destinée à relire l’ébauche du cadre juridique proposé par Article 19 pour prendre en compte les préoccupations de toutes les parties prenantes et faire des recommandations à la CEDEAO qui doit finaliser et proposer le travail au Conseil de Ministres qui le soumettra aux chefs d'Etats.
Le PRC-UJAO :
L’UJAO a initié un Projet de Renforcement des Capacités (PRC-UJAO) dont l’objectif principal est de renforcer les capacités professionnelles des journalistes de la sous région, sa propre capacité institutionnelle et celle des syndicats et associations membres afin de favoriser la démocratie, la gouvernance participative et la transparence dans les Etats membres de la CEDEAO. Il est soutenu principalement par l'ACBF (La Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique) avec une subvention qui s’élève à un million cinq cents mille dollars (USS 1.500.000) sur une période de quatre ans. Le PRC-UJAO a démarré ses activités en 2007. Les autres partenaires sont notamment : la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’OUEST (CEDEAO), l’UNESCO, Oxfam America, et le FAFPA à travers l’UNAJOM Le Projet a trois (3) composantes principales :
• La formation
• La défense de la liberté de la presse et de la liberté d'expression ;
• La publication et la diffusion d'information
A travers lesquelles elle cherche à :
1) fournir aux journalistes et aux professionnels de médias les aptitudes techniques pour améliorer leur professionnalisme et pour leur permettre de s’adapter aux changements survenus dans les technologies de l'information et de communication ;
2) Promouvoir des normes élevées d’éthique et de déontologie journalistique en Afrique de l’Ouest et le respect de la liberté de la presse et de la liberté d'expression par les responsables politiques, les groupes de pression économique et d'autres groupes d'influence ;
3) Doter les responsables des médias des compétences nécessaires en gestion d'entreprise ;
4) Soutenir l'émergence d'une masse critique de professionnels de niveau élevé nécessaires pour favoriser une culture des médias d'excellence dans la sous région.
Lue par Mahaman Chamsou Maïgary, expert au PRC-UJAO le 3 mai 2010 à la Maison de la Presse du Mali.
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